Loi EGalim, loi anti-gaspillage pour l’économie circulaire (AGEC) … autant de nouvelles réglementations qui viennent bouleverser le mode de fonctionnement de la restauration collective. En effet, ces nouvelles lois imposent de supprimer ou de modifier considérablement les pratiques des cuisines centrales et du portage à domicile dans des délais plutôt courts (dès le 1er janvier 2022 pour le portage à domicile). Pour aider les acteurs de ce secteur à y voir plus clair, Pandobac vous propose dans cet article un aperçu des principaux changements à venir.
La loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable (EGalim) est issue des États généraux de l’alimentation de 2017. Promulguée en 2018, elle poursuit trois objectifs :
Il en découle donc une grande variété d’articles qui concernent tous les acteurs de la chaîne alimentaire : des agriculteurs aux distributeurs, en passant par les industriels et les cuisines centrales. Ces articles de loi peuvent être regroupés selon cinq grandes catégories :
Ce sont ces deux dernières catégories qui impactent le plus fortement la restauration collective, comme nous le verrons un peu plus loin.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) entend accélérer le passage de notre économie linéaire, source de quantités importantes de déchets, à un modèle circulaire. Elle vise à limiter le gaspillage et la production de déchets pour préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. Elle se découpe en cinq grands axes :
Ce dernier point concerne principalement les industriels avec notamment une extension de la REP (Responsabilité Élargie des Producteurs) selon un principe de pollueur-payeur. Les quatre premiers axes concernent en revanche la restauration collective à différents niveaux. En effet, la loi AGEC fixe de nouveaux objectifs temporels, notamment pour accompagner une sortie progressive du plastique à usage unique.
Vous l’aurez compris, les lois EGalim et AGEC sont vastes et impactent la restauration collective. Comment ? C’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article. Pour cela, nous avons découpé nos explications en deux : le scolaire d’un côté, portage à domicile de l’autre. Ces deux activités ne sont pas impactées de la même manière ni avec les mêmes échéances.
Tous les opérateurs de la restauration collective ne sont pas concernés par les différents articles de loi de la loi EGalim. Les opérateurs publics et privés de la restauration scolaire sont les principaux concernés, ainsi que les établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans et la restauration universitaire. Seules les obligations sur l’interdiction des ustensiles en plastique à usage unique (janvier 2020), les diagnostics et démarches de lutte contre le gaspillage alimentaire, l’interdiction de rendre impropres à la consommation les excédents alimentaires encore consommables et la proposition de convention de dons aux associations habilitées concernent l’ensemble des acteurs de la restauration collective. On vous conseille le tableau synthétique du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour vous y retrouver. Les paragraphes suivants reprennent l’intégralité des mesures de la loi EGalim concernant la restauration collective, sans distinction entre les types d’acteurs.
Un certain nombre de mesures doivent déjà être mises en œuvre par les opérateurs de la restauration collective. Nous vous en faisons ici un récapitulatif :
Depuis le 30 octobre 2018
Depuis le 21 octobre 2019:
Depuis le 1er novembre 2019 et jusqu’au 1er novembre 2021:
Depuis le 1er janvier 2020
On entend par « mise à disposition » la fourniture d’un produit destiné à être distribué, consommé ou utilisé sur le territoire national dans le cadre d’une activité commerciale, à titre onéreux ou gratuit.
Au 1er janvier 2022 :
Cela désigne les produits bénéficiant des signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) ou des mentions valorisantes suivants : le Label rouge, l’appellation d’origine (AOC/AOP), l’indication géographique (IGP), la Spécialité traditionnelle garantie (STG), la mention « issu d’une exploitation à Haute Valeur Environnementale » (HVE), la mention « fermier » ou « produit de la ferme » ou « produit à la ferme », uniquement pour les produits pour lesquels existe une définition réglementaire des conditions de production.
Au 1er janvier 2023
Au 1er janvier 2025
En résumé, si les obligations d’EGalim portaient jusqu’à 2020 principalement sur le contenu des repas et l’information des convives, elles concernent de plus en plus l’usage du plastique. Cela a commencé progressivement, d’abord sur les bouteilles d’eau pour finalement concerner tous les contenants de réchauffe. Ceux-ci ne pourront plus être en matière plastique comme c’est le cas très majoritairement aujourd’hui. A partir du 1er janvier 2025, leur utilisation sera interdite « au profit de l’utilisation de matériaux inertes et durables ».
Quant à la loi AGEC, elle s’attaque à l’usage unique et vient ainsi bousculer les habitudes du portage à domicile. Si celui-ci s’effectue principalement en emballages à usage unique aujourd’hui, cela ne sera bientôt plus possible. A partir du 1er janvier 2022, les emballages à usage unique seront à prohiber au profit de vaisselle réemployable.
Ces deux principales dispositions favorisent assez clairement le réemploi. Pourquoi ? On pourrait objecter qu’il serait possible de remplacer les bacs de réchauffe en plastique pétrosourcé par du bioplastique ou une autre matière biosourcée à usage unique par exemple. Et bien non ! On vous explique pourquoi.
Le réemploi est très clairement la solution imposée pour le portage à domicile à partir du 1er janvier 2022. Concernant la réchauffe en cuisine, plusieurs collectivités orientent leur choix de remplacement des barquettes plastiques sur des barquettes en cellulose, biosourcées car composées principalement de bois et compostables. Cependant, ce choix demeure controversé, notamment du fait que ces emballages comportent souvent une partie plastique (liner, opercule). De plus, comme le précise l’AGORES dans son livre blanc sur le plastique “Les barquettes « nouvelle génération » dites « biosourcées », peuvent ainsi, en fonction de l’origine de leurs matières premières, présenter un risque lié aux pesticides présents dans le produit. Ces matériaux ne sont par ailleurs pas encore au point sur le plan technique.” L’AGORES écrit encore à propos du conditionnement en barquettes “[le procédé] ne rassure pas non plus totalement face au risque des perturbateurs endocriniens”.
Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) a appuyé cet avis dans son dernier rapport, en date du 10 mars 2021 : “Il n’y a pas, à date, de « contenant alternatif à usage unique » qui ne soit pas en plastique et qui puisse être utilisé en restauration collective. Ainsi, sauf évolution des technologies, la perspective de contenants à usage unique non plastiques n’existe pas. Ce point pourra cependant à nouveau être éclairé à la sortie de certains textes d’application en cours de rédaction.”
Ainsi, le réemploi de contenants en matière inerte comme l’inox ou le verre apparaît comme une solution durable à envisager pour les gestionnaires de cuisines centrales.
Le 1er janvier 2022 arrive vite. Il est donc nécessaire pour les gestionnaires de la restauration collective de préparer dès maintenant l’adaptation de leur portage à domicile. Plus largement, même la mise en conformité avec la loi EGalim, dont l’échéance peut paraître lointaine, doit être un sujet de préoccupation en 2021. En effet, le réemploi implique de repenser toute la chaîne de préparation, comme le dit l’AGORES “changer de conditionnement aura des conséquences sur l’ensemble de cette chaîne”.
Le premier défi est celui du choix des contenants. Il est nécessaire de choisir les contenants réemployables adaptés à ses usagers. Une harmonisation des contenants permettra aussi de faciliter la manutention et le transport. Il est donc indispensable de consacrer du temps à l’étude des différents modèles de contenants disponibles, de les tester et d’exercer une veille constante pour identifier les innovations fréquentes des différents fabricants.
Le réemploi des contenants implique nécessairement de mettre en place une collecte de ces contenants et d’assurer leur lavage. Une évaluation financière et technique est nécessaire à cette étape pour statuer sur l’internalisation ou l’externalisation de ces services.
La manipulation de nouveaux contenants, plus lourds que les emballages à usage unique, implique de former le personnel. Cette formation permet à la fois de sensibiliser les agents à l’entretien des nouveaux contenants et aux bonnes pratiques d’usage et de réemploi mais aussi de prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS).
L’AGORES estime qu’“il faudrait […] 6 ans pour amortir le surcoût en bac inox”. On le comprend, le passage au réemploi conduit à des investissements initiaux non négligeables, dont le financement doit être envisagé en amont. De nombreuses aides sont disponibles, que ce soit via le plan de relance, les régions ou encore l’ADEME. Il est intéressant de préparer un dossier à présenter pour financer les premiers investissements liés au réemploi.
Nous espèrons que cet article vous a permis d’y voir plus clair dans le foisonnement de lois qui impactent ou vont impacter la restauration collective. Pandobac vous accompagne sur toutes les étapes pour mettre en place une logique de réemploi. Que ce soit sur l’étude de faisabilité, la recherche de financement ou sur le lancement opérationnel, l’équipe de Pandobac pourra vous conseiller sur les meilleures solutions à mettre en œuvre. Nous suivons avec attention les dernières évolutions pour assurer une mise en conformité facilitée, à la fois sur le portage à domicile et sur le scolaire. Si votre activité est concernée par ces mesures, n’hésitez pas à nous contacter !
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